vendredi 23 novembre 2007

Chats Nomades

Dimitri, Bernard, Manuelle et moi, les chats, on les aime ! Cela ne m’empêche pas, je l’avoue d’être folle de rage, lorsque, passant le pas de ma porte, je sens une odeur nauséabonde qui ne trompe pas ! Alouïn s’est vengée d’on ne sait quoi et comme dans « Pipi de chat », elle a fait ses besoins dans un des lits de la maison, en général, celui que je viens de changer, car elle aime les draps propres ! Mais ce n’est pas tous les jours, fort heureusement. Quand je regarde la peinture que Bernard a faite pour illustrer cette chanson, j’ai l’impression que l’odeur sort de l’image !

Les chats sont « socialement » très différents : ils y a ceux que l’on nourrit, que l’on chérit et ceux qui doivent se débrouiller tout seul, au péril de leur vie parfois ! C’est le cas du « Vieux matou gris », qui n’ayant plus beaucoup de souris à chasser dans son hangar, s’en va faire la tournée des poubelles. Heureusement qu’il est encore vif, car malgré la douleur due au coup de balai qui lui tombe sur le dos, il a réussi à filer ! La musique, elle est venue comme le texte ; je trouve qu’elle a un petit côté oriental, je ne sais pas pourquoi. Peut-être « à cause des mouches ». « A cause des mouches », c’est ce que me répondait mon père lorsque je lui posais une question et que, soit il ne savait pas quoi me répondre, soit il en avait assez !

Dans le film d’animation de Dimitri sur « Le vieux matou gris », ce que je trouve extraordinaire, c’est le rythme des poubelles : elles sont musicales !

Je ne fais aucun arrangements, déjà parce que je ne sais pas les faire, et puis aussi parce que je ne sais pas les faire. Manuelle, non seulement sait de quoi il retourne, mais surtout elle construit ses arrangements de façon très personnelle et très originale ! Mais bon, elle est tombée dedans alors qu’elle ne savait ni parler ni marcher ! Elle joue de tout ou presque, et avec son compère batteur percussionniste, Olivier Le Gallo, ils font la paire !

Il y a déjà quelques années, j’ai eu le bonheur de voir et d’entendre le « Cirque Romanès ». Tandis que la voix de la chanteuse Délia faisait vibrer le public, une acrobate dansait avec un chat, le long d’une étoffe suspendue. Cette image est revenue lorsque j’ai commencé à écrire ces chansons sur les chats. S’il fallait donner un nom à la peinture de Bernard illustrant « Le chat et l’acrobate », ce serait : Vertige !

Et ce pauvre chat accroché à un parachute de fortune, et naviguant dans les airs. Je ne l’ai pas inventé : mes frères excellaient en expérience dans ce genre. Aujourd’hui je me demande si je n’étais pas quand même légèrement complice ! Passons.

Lorsque j’ai dit à Manuelle que j’avais eu un chat qui se prénommait Wilbur, elle n’a pas été longue à le faire voyager à pied, en bateau, en train, sur le dos d’une corneille ou d’un vieux cormoran et même dans un parapluie, peut-être bien un parapluie rouge ! Il faut le voir sur le cargo de Bernard naviguant sur les océans mouvants de Dimitri.

« Le chat de Pierre a disparu », voilà une drôle d’histoire. Je pensais qu’une fois le loup attrapé et emmené au zoo, ça s’arrêtait là. Et bien non. Déjà que l’on entendait plus le hautbois depuis que le loup avait mangé le canard, ni les cors depuis que le loup était enfermé, ni les timbales et la grosse caisse depuis que les chasseurs étaient partis chasser les loups en Sibérie et bien le violon, on ne l’entendait plus non plus car Pierre avait perdu son chat et qu’il était parti une fois de plus dans la forêt malgré l’interdiction de son grand-père. Je vous rassure il l’a retrouvé…… il était tout simplement en train de jouer avec l’oiseau dans l’arbre du jardin….. Dangereux ? Non, il parait qu’ils avaient fait la paix ! Mais, j’ai une chose à vous dire car Pierre m’a autorisé à livrer son secret : une nuit, il est parti ouvrir la porte au grand loup gris, et en plus c’est vrai !

Le chat blanc de Françoise, je l’ai connu, il avait déjà perdu son œil ; cela ne l’empêchait pas d’avoir un air très malin. Franchement il faut aller le voir se gondoler sur sa valise sous le pont de Venise ! En ce moment, il est avec Balthus, le chat de Dimitri qui était aussi blanc que lui : ils font des tours de manège sur les étoiles.

samedi 13 janvier 2007

Je rentre chez moi...

Je rentre chez moi, il fait nuit, les phares de la voiture éclairent le vieux sureau de mon petit jardin. Deux gros yeux ronds brillent dans l’arbre. Un hibou ? Un hibou au ramage poilu et à la queue touffue !

« C’est le chat Méléon/Hibou lézard hérisson/ en été petit rat/en hiver angora » Cet été il s’était enroulé autour du pêcher nain. Son poil était si rêche qu’avant de le reconnaître, j’ai hésité entre un vieux paillasson et un hérisson. Mais non, c’était bien « le chat Méléon/hibou lézard hérisson… Manu Campos fit sur mes paroles une musique festive, presque « balkanique », puis Bernard Jannemin illustra, merveilleusement, ce Chat Méléon, s’appropriant mes jeux de mots pour les installer dans son propre univers. Quant à Dimitri Muller, il ajouta la touche finale en animant le tout, dans un petit film à découvrir… quand le disque sortira !

La chanson du chat Méléon fera partie du livre disque sur le thème des chats sur lequel le collectif L’œil du chat travaille actuellement (sortie prévue en automne 2007).

Carnet de bord


Je revendique de ne pas savoir, au départ, où je vais.
Je revendique mes failles ; c’est avec elles que je construirai des œuvres.

Je revendique d’oublier mes savoirs et mes techniques quand je commence un nouveau projet.

Je revendique de ne pas être sûre de savoir faire, mais de faire quand même.

C’est ainsi que j’entre en relation avec les enfants.

On est indifférent à ce qu’on ignore. Si on veut que la nouvelle génération prenne en compte ce qui est menacé, il faut d’abord qu’elle le voie, le sente, l’entende, qu’elle l’intègre. On défend ce qu’on aime, ce qu’on connaît, ce qu’on s’est approprié, pas dans le sens d’une pro-priété mais dans le sens d’une pro-tection.

Certains enfants sont comme les tomates qu’on mange en hiver : hors sol. Impression que dans la chaîne de la vie, un maillon a été cassé. Par qui ? Par cette société qui pousse à faire de nous des consommateurs décervelés ? Par des parents ayant abandonné leur rôle de passeurs ? Par le système éducatif ? Pas de réponse. Encore une fois l’entrée en théâtre est peut-être une forme de réponse. Les obliger par une proposition de situation à retrouver quelque chose qui existe en eux mais qu’ils n’arrivent plus à dire ou qu’ils n’osent pas dire, de peur d’être ridicules.

C’est ainsi que j’entre en relation dans le théâtre avec les enfants.






L'enfant de la mer

C’est en marchant sur les grèves que l’idée m’est venue : inventer une histoire qui permettrait aux enfants des écoles de créer leur musique avec les « laisses de mer », tous ces trucs abandonnés par la marée, bois flottés, bouteilles à demi remplies d’eau et de sable.
Il me fallait un héros, ce fut « L’enfant de la mer », petit bonhomme rêveur, ancré dans le réel mais capable de naviguer sur un bateau en bouteille plastique, avec une voile en toile de ciel, vers une île étrange où les tortues font du patin à roulettes. Avec Manuelle Campos, nous écrivons une série de chansons. Cécile Dalnoky crée l’image de l’enfant de la mer, et illustre les chansons. Un premier disque sort : « L’enfant de la mer ».
Le voyage va continuer avec « Prairies » : de retour de l’île, l’enfant de la mer s’échoue dans une crique. Une petite fille rigolote lui fait découvrir SA prairie pleine de personnages drôles, comme la vache Curcumiche, inquiétants, comme ce Robert le Diable.
Il y a comme un phénomène de ricochet : une fois les premiers opus achevés, j’ai eu envie de raconter ce qui existait déjà sous forme de chansons. « L’enfant de la mer », « Prairies » et « Le voyage de Fafa » sont déjà écrits, prêts pour une éventuelle publication.

Discographie(sous le nom Boufadou, avec Marie de Gélis et Cécile Dalnoky)
- L’enfant de la mer réf 8741192 livre disque Le Chant du Monde-Harmonia Mundi
- Le voyage de Fafa réf 8741191 Livre disque Le Chant du Monde-Harmonia Mundi
- Prairies réf 8741296 Livre disque Le Chant du Monde-Harmonia Mundi
- Deux aventures par Boufadou (coffret deux CD) Une Sélection Télérama, Le Chant du Monde-Harmonia Mundi
Toutes les illustrations de ces disques sont de Cécile Dalnoky.



Site : www.ville-caen.fr/arts cliquer sur « illustration livres »


© illustrations Cécile Dalkony

L'autorail Picasso

« Nous avons trouvé totalement par hasard votre CD dans un magasin de Montpellier et depuis on l'écoute en boucle. Ca nous a confirmé dans l'idée d'aller voyager sur le Canal de Nantes à Brest et nous sommes partis à une trentaine avec plein d'enfants à vélo... Très belle balade, beaucoup de poésie, de très belles évocations... Votre CD est à indiquer dans tous les guides portant sur le canal ! Bravo ! »


Ce petit mail reçu il y a quelques jours me fait plaisir, plus que tout article élogieux. « Le voyage de Fafa » est le résultat, en chansons et en illustration, d’un moment de vie très beau. Un voyage « au long-temps », à vélo, le long des chemins de halage et des anciennes voies de chemin de fer. Et pendant que Manuelle Campos et moi roulions le long du canal de Nantes à Brest, imaginant déjà ce que serait notre nouvel opus, Cécile Dalnoky, répondant à une commande du Conseil Général de la Nièvre, vivait pour quelques mois sur les bords du canal du Nivernais, dans un camion aménagé en atelier, dessinant les étapes d’une restauration de péniche en bois. Lorsque nous lui avons présenté les chansons, elle n’a donc eu aucun mal à les illustrer : « et sous l’épais feuillage/du chemin de halage/ seule loin de la foule/la bicyclette roule/son petit phare tout rond/ éclaire les gravillons… »
« Le voyage de Fafa » est aussi une histoire de voyage, de rencontres ; l’éclusier et son potager, l’autorail Picasso (que j’ai même conduit… sous la direction du chef mécanicien !), le pêcheur solitaire, et même l’affreux « tigre des eaux profondes » (le brochet).
Le monde d’aujourd’hui s’exalte de vitesse. Pourtant l’œuvre d’art et la relation humaine ne peuvent se passer de lenteur. Le Voyage de Fafa est un éloge à la lenteur.

© illustration Cécile Dalkony

Mon Grand-Oncle et moi


Ce monsieur enturbanné à cause d’un mal d’oreille, c’est mon grand-oncle. Tous les moments de mon enfance passés dans la ferme où il vivait avec sa sœur, ma grand-tante, m’ont nourrie et continuent d’enchanter mon imaginaire. « Le lapin et la communiante » fait partie d’une série de nouvelles que je suis entrain d’écrire, qui puise dans cet univers de mon enfance.
« Je pose le panier et nous suivons la grande dame vers les clapiers. Les poules et les canards s’enfuient en voletant sur notre passage. Un homme est assis au soleil sur un banc de pierre ; il nous regarde sans rien dire, son visage fait un peu peur : il a un œil crevé. Un chien blanc et noir dort à ses pieds.
J’émets un vague bonjour du bout des lèvres mais il ne me répond pas. Dans les clapiers les bébés lapins se serrent contre leurs mères, effrayés par notre présence. La grande dame ouvre la porte grillagée et attrape un gros lapin roux par les oreilles : « c’ui-ci est bon à manger ». Elle le tend à l’homme : « va l’ préparer, c’est pour les gens du château ». Il prend le lapin et, d’un hochement de tête, nous fait signe de le suivre ; la grande dame s’éloigne. L’homme s’arrête sous un arbre, sort un canif et un bout de ficelle de sa poche, attache les pattes arrières du lapin puis le pend à une branche la tête en bas. »

Tous aux abris !


Tous aux abris !

Une communication de Marie de Gélis, présidente directrice générale des produits « Table rase » de chez « Antivie ».
Attention, tous aux abris, le printemps s’est installé ! Et, avec lui, comme chaque année, la végétation envahit gravement nos villes et nos campagnes (« aux armes ! »), attaquant sans retenue les trottoirs, les ronds-points, les arbres, les buissons, les pieds des panneaux, les entrées de maison, de garage, de jardin, de champs, de mairie, d’école, de parking, les chemins, les bords de route, les fossés, les ruisseaux… Il a même été signalé de l’herbe montant à l’assaut de grosses pierres décoratives, sur un rond-point.
Bouton d’or, marguerite, stellaire, fumeterre, herbe à robert, jacinthe des bois, véronique, vesce des haies, myosotis, rapette couchée, ruine de Rome, attrape-mouches, compagnon rouge, trèfle fraisier, bec de grue, renouée persicaire, lamier, renoncule ficaire, benoîte, chélidoine, luzerne d’Arabie, séneçon, laiteron, pissenlit, scrofulaire… Toutes ces mauvaises herbes prolifèrent dangereusement dès les premiers rayons de soleil. Inutile de les couper, elles repoussent… Attention, quelques coquelicots ont été signalés en bordure de route alors que nous pensions les avoir définitivement éradiqués (le nécessaire a été fait ). En revanche, le bleuet semble avoir mis hors d’état de nuire, ouf ! Quelle plaie, ce printemps.
Heureusement, communes et particuliers ont une fois de plus enrayé l’attaque. Ils ont agi masqués (cela évite d’être reconnu par la plante) ou à visage découvert (pour les plus courageux). En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les produits pulvérisés ont transformé les assaillants (herbette et fleurettes) en paillasson. Un joli dégradé très automnal est alors apparu aux endroits stratégiques : jaune, roux, paille.
Nous invitons les particuliers qui ne l’auraient pas encore fait à agir au plus vite : l’union fait la force. A cette intention, nous sommes en mesure de vous conseiller certains produits qui ont fait leur preuve : avec « Table rase » de chez Antivie, le printemps ne sera plus qu’un mauvais souvenir.
Nota Bene : la commission nationale des multinationales réaffirme l’innocuité des produits sus-cités. Toute insinuation de nuisance sur l’écosystème (terre, air, eau, animaux) et sur l’humain (cancers, maladies respiratoires, allergies) révélés par les spécialistes (corps médical, biologistes etc.), ne sont que pure fiction de groupuscules écologitateurs.