samedi 13 janvier 2007

Carnet de bord


Je revendique de ne pas savoir, au départ, où je vais.
Je revendique mes failles ; c’est avec elles que je construirai des œuvres.

Je revendique d’oublier mes savoirs et mes techniques quand je commence un nouveau projet.

Je revendique de ne pas être sûre de savoir faire, mais de faire quand même.

C’est ainsi que j’entre en relation avec les enfants.

On est indifférent à ce qu’on ignore. Si on veut que la nouvelle génération prenne en compte ce qui est menacé, il faut d’abord qu’elle le voie, le sente, l’entende, qu’elle l’intègre. On défend ce qu’on aime, ce qu’on connaît, ce qu’on s’est approprié, pas dans le sens d’une pro-priété mais dans le sens d’une pro-tection.

Certains enfants sont comme les tomates qu’on mange en hiver : hors sol. Impression que dans la chaîne de la vie, un maillon a été cassé. Par qui ? Par cette société qui pousse à faire de nous des consommateurs décervelés ? Par des parents ayant abandonné leur rôle de passeurs ? Par le système éducatif ? Pas de réponse. Encore une fois l’entrée en théâtre est peut-être une forme de réponse. Les obliger par une proposition de situation à retrouver quelque chose qui existe en eux mais qu’ils n’arrivent plus à dire ou qu’ils n’osent pas dire, de peur d’être ridicules.

C’est ainsi que j’entre en relation dans le théâtre avec les enfants.